Beaucoup s’imaginent que l’innovation ne les concerne pas. A cela ils donnent plusieurs raisons :
- Ils considèrent qu’il faut nécessairement faire appel aux nouvelles technologies qu’ils ne maîtrisent pas
- Ou ils manquent d’idées et de méthodologies pour pouvoir s’y engager.
Les 2 modèles de l’innovation
Rappelons tout d’abord que, parmi les différentes formes d’innovations, deux modèles s’opposent classiquement :
1/ L’innovation de rupture. Elle change complètement la donne lors de son introduction autant pour les clients que pour l’entreprise qui l’introduit. La prise de risque est énorme surtout si le marché n’est pas prêt à accepter la nouvelle offre. Par contre, si le pari est gagné, l’entreprise disposera d’un atout concurrentiel important. Cela vaut sur un marché déjà existant comme sur un marché créé. Elle en occupera la position privilégiée de « leader ».
Exemple : L’arrivée de l’IPhone a complètement bouleversé le marché de la téléphonie mobile. La proposition d’un téléphone doté d’un large écran tactile, d’une fonction multitouch et d’une ergonomie particulièrement soignée et efficace en situation de mobilité a séduit les utilisateurs. Cela a permis à Apple de caracoler en tête des ventes pendant longtemps.
2/ L’innovation incrémentale. Elle vise à introduire certaines améliorations dans un produit, un service ou un processus existant (commande, paiement, SAV…). Elles ne vont pas modifier fondamentalement les habitudes du client ou la chaîne de valeur. Pour autant, elles apporteront aux clients des « surprises positives ». Elles permettront aussi à l’entreprise de renforcer son offre et de mieux se positionner par rapport à ses concurrents.
Exemple : Nespresso a mis sur le marché des petites capsules de café et des machines à café haut de gamme. Désormais aussi, le déclenchement d’une commande est automatisé lorsque le stock est presque épuisé chez le client. De même, l’envoi d’un bilan technique de la cafetière est possible en cas de problème. Ce faisant, Nespresso a totalement revisité les codes du marché.
Les autres voies de l’innovation
Pour autant, il existe d’autres voies d’innovation tout aussi durables et rentables que celles-ci. Elles résultent d’une recherche systématique de progrès et d’extension du service à partir du cœur de métier de l’entreprise. Il s’agit d’explorer de nouveaux segments de clientèle ou de développer de nouvelles approches. « La stratégie Océan Bleu » en constitue une méthodologie particulièrement innovante. Elle a permis des avancées spectaculaires liées à la recherche de nouveaux espaces stratégiques jusqu’alors inexplorés.
Les deux exemples ci-après serviront à illustrer mon propos. Il pourraient d’ailleurs être répliqués avantageusement.
1er exemple : Le service traiteur allemand « Culinary Misfits »
Chaque jour, de très grandes quantités de fruits et de légumes restent abandonnés dans les champs après le passage des récolteuses. Uniquement à cause de leurs imperfections (formes bizarres ou calibrage inadapté), les producteurs les jettent ou les donnent comme aliments aux animaux. En effet, les exigences de la grande distribution les rendent impropres à la vente.
Culinary Misfits a eu l’excellente idée d’acheter exclusivement ces fruits et ces légumes, par ailleurs tout à fait sains et consommables. Elle les utilise pour préparer des plats bio et locaux qu’elle commercialise ensuite.
Ce faisant, elle a permis de diminuer le gâchis alimentaire tout en fabriquant des produits de qualité. Ainsi, elle favorise l’économie locale puisque les producteurs locaux tirent de la vente de leurs productions des revenus supplémentaires.
2e exemple : La tasse à café qui se mange de Lavazza
Le fabricant de café italien Lavazza a récemment conçu, dans ses activités de recherche appliquée au food-design, une tasse qui se mange après qu’on ait bu son café. La Cookie Cup (c’est ainsi qu’elle s’appelle) est faite d’une pâte sablée recouverte d’un glaçage spécial pour la rendre imperméable.
Ce concept original mériterait d’être repris et décliné dans des domaines proches. Le fast food pourrait s’en approprier afin de mieux répondre aux exigences de respect de l’environnement. Cela favoriserait aussi la diminution de la production de déchets à recycler, voire même la suppression de la vaisselle.