Dans le contexte d’une urbanisation galopante, l’augmentation des pollutions en ville par les particules fines, le dioxyde d’azote et l’ozone troposphérique (dans les basses couches de l’atmosphère) sont très préoccupantes. En effet, elles affectent la santé des citoyens que nous sommes. Ainsi, selon l’ADEME, l’air pollué que nous respirons au quotidien est la cause de 48 000 décès en France chaque année. Or, ces pollutions résultent de nos activités courantes : industrie, transport, agriculture, chauffage des bâtiments, brûlage des déchets verts…
Les pouvoirs publics ont engagé depuis plusieurs années différentes actions. Elles visent à en atténuer les effets et à améliorer la qualité de l’air (mobilités actives, développement de l’électromobilité, covoiturage, accompagnement gratuit aux particuliers…). De même, les citoyens se mobilisent. Pour autant, un long chemin reste encore à parcourir avant que nos villes soient propres.
Contre les pollutions en ville : la « Smog Free Tower »
Au regard de la situation actuelle, Daan Roosegaarde, fondateur du Studio Roosegaarde, laboratoire de design social basé aux Pays-Bas et en Chine, a choisi de s’investir dans une approche très disruptive. Il vise à mettre en œuvre plusieurs projets urbains pour réduire la pollution. Également, il veut fournir aux populations des villes et des territoires une expérience inspirante d’un avenir propre.
Il en a eu l’idée en 2013 en constatant l’épais brouillard de pollution qui s’étendait sur Pékin lors de son séjour. Daan Roosegaarde s’est alors demandé comment il pourrait contribuer au nettoyage de l’air dans les espaces urbains. Ainsi, il a développé la « Smog Free Tower » avec pour ambition l’amélioration de la vie en ville et davantage de vert à travers le monde.
En effet, rappelons qu’en Chine, les émissions de CO2 constituent 30 % du total mondial. Or, elles sont dues au fait que le charbon sert à produire les 2/3 de l’électricité. De plus, la majorité des usines utilisent le même combustible fossile pour fonctionner.
Le Gouvernement chinois a cependant manifesté sa volonté d’inverser les choses en poussant les projets qui favorisent la réduction des émissions de gaz à effets de serre. L’électromobilité en fait partie, mais la « Smog Free Tower » aussi.
Après des tests réalisés en 2016, les résultats ont montré une réduction de la pollution de 55 % dans un rayon de 20 mètres autour de la tour. D’autres villes ont du coup été volontaires un peu partout dans le monde, en Inde, en Colombie, au Mexique et en Pologne.
Comment fonctionne-t-elle ?
La « Smog Free Tower » mesure 7 mètres de hauteur et 3,25 mètres de largeur. Elle fonctionne comme un grand aspirateur. Elle absorbe l’air environnant à raison de 30 000 m3 par heure. Ensuite, elle l’expulse une fois purifié grâce à un procédé d’ionisation positive des molécules d’air.
En termes d’efficacité, elle peut capturer jusqu’à 70 % de particules PM10 (particules de 10 micromètres de diamètre ou moins) et jusqu’à 50 % de particules PM2,5 (particules de 2,5 micromètres ou moins). Sa consommation électrique n’est, quant à elle, pas plus importante que celle d’une bouilloire.
Lors des tests réalisés à Pékin, la tour a permis de nettoyer 30 millions de m3 d’air en 41 jours. Quant aux particules capturées par la tour, compressées sous la forme de petits cubes noirs enchâssés dans des bagues transparentes, le Studio Roosegaarde les a commercialisées. C’est une façon judicieuse de matérialiser les particules invisibles d’une ville. Cela permet aussi de garder en tête l’impérieuse nécessité de continuer à lutter contre la pollution de l’air.
Et la suite…
Aujourd’hui, Daan Roosegaarde poursuit son chemin écologique en s’investissant dans un nouveau projet, complémentaire du premier, en pratiquant l’innovation par le design. Il s’appelle la « Smog Free Bicycle ». Il s’agit d’un vélo qui utilise le même procédé que la tour. Pour autant, il nécessite que les cyclistes pédalent pour fournir l’énergie nécessaire au traitement de l’air. Convaincu par les précédents résultats de la tour, le Gouvernement chinois soutient le projet d’autant que l’utilisation du vélo en Chine est conséquent.