Déjà abordée par Gartner en 2013 dans la présentation de son « Hype Cycle » concernant les technologies émergentes, la relation homme-machine est un thème clé. Désormais, elle fait l’objet d’une attention particulière du fait de l’intérêt croissant du marché pour trois sujets qui sont en convergence. Il s’agit des machines intelligentes, des ordinateurs cognitifs et de l’Internet des objets. Ces trois sujets constituent autant de pistes d’innovation.
Les analystes pensent, à juste titre, que cette relation va être complètement redéfinie par ces nouvelles technologies. En effet, ce qui, jusqu’à présent, différenciait l’homme de la machine tend de plus en plus à s’amenuiser et à terme risque de le dépasser complètement. Ce concept est qualifié de « singularité technologique ».
Les trois révolutions industrielles
Pour mémoire, la civilisation humaine a déjà connu deux paliers qui lui ont permis de vraiment décoller. A présent, elle amorce le troisième.
La première révolution industrielle
Elle a vu le jour en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle avec la machine à vapeur mise au point par James Watt. Elle a aussi conduit au début du machinisme. Ainsi, l’industrie textile a pu se développer, passant d’une production artisanale à une production mécanisée. D’autres activités économiques l’ont également adoptée par la suite (les mines, la métallurgie, la minoterie…). Cela a permis d’augmenter le rendement et de faire baisser les coûts de production. Alors, l’homme maîtrisait la machine et l’utilisait selon ses propres méthodes pour transformer la matière première et maximiser son savoir-faire.
La seconde révolution industrielle
Elle a démarré au cours du XIXe siècle avec notamment l’apparition de l’électricité, du téléphone et du moteur à explosion. Elle a permis d’accéder à l’ère industrielle. Celle-ci se caractérise par l’exode rural, le travail à la chaîne immortalisé par le film de Charlie Chaplin « Les temps modernes » et l’émergence de grandes sociétés industrielles. Ces dernières telles que Ford ont mis en œuvre l’organisation scientifique du travail. L’homme se spécialisait alors dans l’exécution de tâches répétitives en utilisant une machine dévolue à cet effet.
La troisième révolution industrielle
Elle a déjà démarré et devrait s’accélérer avec l’arrivée de machines de plus en plus autonomes, intelligentes et interconnectées, les robots. Le rôle de l’homme devrait alors se limiter au contrôle, à la surveillance et à la maintenance de ces machines (par la suite capables de s’automaintenir). Jusqu’à aujourd’hui, la robotique industrielle apparaît comme la plus avancée (machines-outils). Pour autant, la robotique de services à usage professionnel et personnel (interventions délicates, nettoyage, métro automatique, drone, voiture autonome) et la robotique domestique (aspirateur, lavage des sols, tondeuse) vont connaître un véritable essor d’ici 2030. Le XXIe siècle va voir ce marché émergent prendre son plein envol. Selon la Fédération Internationale de Robotique, il pourrait atteindre 100 milliards d’euros en 2018 et 200 milliards d’euros en 2023 contre 25 milliards d’euros en 2015.
En conclusion
Un nouveau cycle de destruction créatrice s’amorce donc, comme aurait pu le dire Joseph Schumpeter. Il va fortement déstabiliser les situations économiques, sociales et géographiques actuelles. En effet, il impactera tous les secteurs d’activité et aussi bien les métiers manuels qu’intellectuels. Cela représente environ 42 % des emplois français selon l’étude réalisée récemment par le Cabinet Roland Berger. Cependant, il fournira aussi une opportunité exceptionnelle de « booster » l’innovation dans les services. Les entreprises françaises doivent absolument s’en saisir et faire émerger de nouveaux métiers. C’est pourquoi, le marché de l’emploi doit se préparer pour assurer l’acquisition de ces nouvelles et indispensables compétences.