Le 17 décembre 2018, Île-de-France Mobilités, Autorité Organisatrice des Mobilités, a engagé un processus de disruption billettique. Il vise à améliorer la mobilité des Franciliens au quotidien. Cela passe par la mise en œuvre d’un ambitieux Programme de Modernisation de sa Billettique. Pour ce faire, elle a attribué un marché de 60 millions d’euros sur 9 ans au groupement constitué par Worldline et Conduent Transportation Solutions. Le premier est une société filiale du Groupe de services numériques Atos. C’est aussi un des leaders européens des services de paiement et de transactions. Le second est un géant mondial de la relation client et des solutions de mobilités dans les transports publics. Il est issu de la scission de Xerox.
En quoi consiste cette disruption billettique ?
Ce marché vise la conception et le développement du nouveau système central de gestion commun « Smart Navigo ». Il sera totalement maîtrisé par Île-de-France Mobilités. Le nouveau système intégrera les solutions billettiques mises en œuvre par les différents opérateurs de transport, toujours opérationnelles. Elles concernent la distribution des titres et leur validation via des interfaces permettant l’interopérabilité des systèmes.
Cette annonce marque une étape très intéressante du point de vue :
- De l’évolution de la gouvernance des futurs systèmes d’information billettiques liés aux transports publics en Île-de-France. En effet, elle donne un rôle prédominant à l’autorité organisatrice locale
- Des changements à venir qu’elle induit dans la gestion de la relation client. Jusqu’alors, les opérateurs de transport l’assuraient en direct
- Et de l’accès facilité en temps réel aux data qui résulteront de l’activité commune.
Anticipation de l’ouverture à la concurrence
De même, elle s’inscrit dans la perspective de l’ouverture du marché des transports franciliens à la concurrence entre 2020 et 2040. En effet, elle doit faciliter l’intégration des nouveaux acteurs retenus après appels d’offres publics. Cela a conduit Île-de-France Mobilités à exclure les offres qu’auraient pu faire les opérateurs de transport via leurs filiales d’ingénierie respectives. Ainsi, elle a voulu éviter que l’un d’entre eux ne puisse obtenir une situation dominante.
Préparation des Jeux Olympiques 2024
D’autre part, l’annonce des Jeux Olympiques en 2024 en tant que rendez-vous mondial constitue un immense challenge. IDFM a voulu s’y préparer en anticipant la prise en charge des millions de visiteurs étrangers et français qui viendront dans la capitale. On imagine mal les queues interminables devant les distributeurs pour acheter un ticket. C’est pourquoi des solutions plus agiles doivent être proposées.
Au regard de tous ces points, Île-de-France Mobilités joue pleinement son rôle d’AOM tel qu’envisagé par la loi LOM. Pour ce faire, elle fédère les différents contributeurs de mobilité sur le territoire où elle exerce sa responsabilité. Elle a aussi choisi de privilégier la mise en place d’une gouvernance et d’une régulation pour aller dans le sens d’une mobilité servicielle. Ainsi, son approche préfigure la mise en place progressive d’un dispositif de type Mobility As a Service.
Autres chantiers en accompagnement de cette disruption billettique
D’ores et déjà, d’autres chantiers ont démarré. Ils devront se poursuivre selon le calendrier ci-dessous pour différentes opérations.
De 2018 à 2020
Mise en place du Post-Paiement par la création d’un compte mobilité individuel sur navigo.fr. Il permettra d’utiliser différents modes pour organiser ses déplacements en Île-de-France. Il sera aussi possible d’accéder à différents services. On peut citer : téléchargement d’une attestation pour le remboursement de l’employeur, modification de ses données personnelles, déclaration de perte de son passe… Les voyageurs qui y auront souscrit ne seront facturés qu’en fin de mois en fonction de leur consommation. De plus, ils seront débités selon le forfait le plus avantageux pour eux.
De 2018 à 2020 également
Mise en place de ViaNavigo sur Smartphone NFC. Cela permettra d’acheter un forfait Navigo sans se rendre au guichet. A partir de son Smartphone, il sera aussi possible de valider sans contact son titre de transport et de recharger son Passe Navigo. Pourtant, il y a un frein principal au déploiement d’un tel service. Pour l’essentiel, il tient aux contraintes des Smartphones susceptibles de l’intégrer (marque, version du système d’exploitation et NFC).
En 2021
Création d’un porte-monnaie électronique Transport chargé sur le Passe Navigo. Acceptation des cartes bancaires sans contact sur tous les valideurs franciliens (Open Payment). Cette offre s’adresse particulièrement aux voyageurs occasionnels et aux visiteurs. Elle présente une grande simplicité d’utilisation. Désormais, il s’agit de la solution privilégiée par Transport for London. Cela lui permet de réaliser plus de 2 millions de transactions quotidiennement, soit presqu’autant qu’avec les cartes de transport Oyster (équivalent du Passe Navigo).
Au regard des 8 millions de déplacements quotidiens en transports publics en Île-de-France, l’enjeu de la mobilité apparaît d’emblée comme majeur. Il est donc indispensable que les différents chantiers engagés ou en cours de démarrage apportent aux usagers une expérience plus efficace et fluide dans leurs déplacements. Pour autant, l’effort d’innovation de service annoncé doit se poursuivre au-delà des dates fixées afin de toujours améliorer l’existant.